Politique, Societe

Guinée : un nouveau départ pour le système éducatif !

Une opinion de notre correspondant basé à Kindia

Le choix d’Ibrahima Kalil Konaté K2 par le chef de l’Etat pour diriger le département de l’Enseignement Pré universitaire et de l’Alphabétisation a été judicieux. Pour une première fois depuis 1958, un enseignant, un vrai,  issu de la base,  est porté à la fonction de chef  de département. Ce qui présage déjà des lendemains meilleurs et heureux pour notre système éducatif. Avec sa prise de fonction, l’ère du Dr. Ibrahima Kourouma s’achève avec des résultats mitigés, mi-figue, mi-raisin. Si par endroit on note des avancées significatives telles que la moralisation des examens et l’uniformisation des tenues scolaires au privé comme au public, la suppression des compositions semestrielles et trimestrielles, il faut cependant noter que les résultats obtenus sont certes capitalisables mais sous  réserve d’amendements.

Le nouveau Ministre, en sa qualité d’enseignant chevronné dont le parcours professionnel est riche et significatif, a vite mis en exergue les insuffisances qui alourdissent le fonctionnement de notre système éducatif. Il s’agit notamment :

De la décentralisation des examens nationaux pour rendre entièrement responsables les structures déconcentrées. Le CEP doit revenir aux DPE, le BEPC doit être géré par les IRE.

La nomination des cadres doit obéir à une démarche responsable. Que des critères soient définis pour le choix des hommes par les structures déconcentrées qui sont mieux indiquées pour proposer des cadres suite à un appel à candidature.

Rétablir le conseil d’administration scolaire pour faciliter la concertation entre les responsables des structures déconcentrées du pays qui, ne se connaissent pas entre eux.

Si les écoles privées ont aidé à augmenter le taux brut de scolarisation, il faut cependant reconnaitre que nombreuses de ces écoles n’obéissent pas aux conditions minimum de création et d’ouverture d’un établissement scolaire privé. Si réellement nous voulons donner la bonne formation à nos enfants, il est temps de revoir cela pour une harmonisation effective de leur création et de leur fonctionnement.

Remettre les gens au travail en leur octroyant les moyens nécessaires à leurs activités. Pour atteindre les résultats souhaités, il faut les moyens nécessaires pour leur réalisation. Il devient impératif de revoir la gestion centralisée qui depuis six ans n’a permis aucune amélioration.

Les évaluations commandées par les innovations sont d’un caractère à la fois astreignant et contraignant. Des progrès ont été certes obtenus dans la réduction des effectifs pléthoriques dans les classes mais, il reste du chemin à faire. Aujourd’hui les enseignants sont plutôt focalisés sur la conquête des notes que sur la portée pédagogique des cours dispensés. L’observation et l’analyse des notes fournies prouvent à suffisance qu’elles ne reflètent réellement pas la véritable valeur des enfants. Il devient alors indispensable de revoir cette méthode,  afin d’alléger le travail aux enseignants et obtenir des résultats fiables.

Pour pallier au déficit de personnel, on a procédé de façon maladroite à un redéploiement absurde qui n’a fait qu’exacerber les difficultés existantes. La suppression des postes de directeur adjoint, d’archivistes dans nos écoles a rendu la tâche plus ardue aux directeurs d’école. Ces derniers ne peuvent pas à eux seuls effectuer les travaux administratifs et pédagogiques de leur établissement. Si nous voulons qualifier notre système, il est temps de repenser cette mesure pour fluidifier le fonctionnement de nos écoles.

Au niveau de toutes les structures déconcentrées régionales et préfectorales, il existe des cellules de formation continue et développement pédagogique. Ces cellules ne sont pas fonctionnelles par manque de moyens alors que les besoins de formation sont plus que pressants.

Il ne sert à rien de prendre des mesures si elles doivent restées dans les tiroirs. Notre système éducatif a besoin d’être revu pour corriger les énormes insuffisances institutionnelles et administratives dont il souffre. Pour éviter de décrédibiliser l’école guinéenne, il faut maintenant prendre des mesures responsables pour remettre le personnel enseignant au travail. Toutes les innovations susceptibles d’être portées au système doivent avant tout faire l’objet d’une concertation à la base. Ceux qui sont en haut de en haut comme le disent les ivoiriens, ne peuvent pas penser et analyser à la place de ceux qui sont en bas de en bas.

Quand les mesures sont toujours descendantes, elles empêchent souvent la base de les adapter aux réalités qu’elle vit. Mais en associant cette base à l’élaboration de toute mesure, le système gagne non seulement en temps mais aussi en efficacité.

Ces dernières années ont vu une course contre la montre pour la proclamation des résultats des examens nationaux. Une sagesse africaine nous enseigne : «  faire vite et bien, ne sied qu’au feu ». Toutes les dispositions qui naguère permettaient de faire un suivi véritable du déroulement de ces examens ont été remises en cause au profit d’autres qui, en réalité ne faisaient que bâcler le travail sur toute la chaine. Pourquoi se presser tant pour résoudre un problème lié à l’avenir de toute une génération. Il faut prendre le temps nécessaire si réellement on veut d’un travail bien fait. Ce qui ne signifie pas aussi de retomber dans les travers d’antan, il faut permettre au secrétariat de bien faire son travail, le finir avant que les correcteurs ne soient convoqués. Mais si tout doit se faire simultanément, il y a des risques de dérapages auxquels on s’expose.

Déjà il y a bon nombre de nos concitoyens qui ne sont pas contents de la venue de cet homme à la tête du département de l’enseignement pré universitaire. Les mauvaises langues commencent à dire qu’il n’a pas le niveau, c’est un instituteur etc. De tels propos émanent des gens qui sont caractérisés par une étroitesse d’esprit. Le poste de ministre n’est pas un poste technique, il est purement politique car, le ministre ne fait que la politique du gouvernement en place. Pendant six ans ce département a été géré par un pharmacien. Il a voulu bien faire mais, il a pêché par excès de zèle et de confiance. S’il avait eu la présence d’esprit d’écouter et de se faire entourer par des expérimentés, il aurait fait un très bon ministre mais, malheureusement il a préféré se faire entourer d’une bande de petits copains incompétents et arrogants. Or, l’éducation est un domaine extrêmement sensible qui exige la qualité, l’expérience, la compétence, la connaissance et la sagesse. Si nous voulons réellement qualifier notre système éducatif, il faut mettre des hommes capables et responsables. Cela est un défi que le nouveau ministre doit relever.

Ibrahima Kalil Konaté K2, est un enseignant de formation et de carrière. Son ancienneté lui permettra de mettre facilement en exergue les tares du système. Sa sagesse et sa connaissance du monde enseignant sont des atouts qui lui permettront de redresser aisément la barre de notre système éducatif. Contrairement à son prédécesseur,  il ne fera appel qu’aux cadres compétents pour l’aider à conduire les affaires de son département. Comme on le dit très souvent, l’homme qu’il faut à la place qu’il faut, de par son expérience et de par sa sagesse, il évitera de tomber dans les fautes et les habitudes de celui qu’il a remplacé. C’est un réel nouveau départ pour le système éducatif guinéen qui, il faut espérer prendra un nouvel essor pour nous éloigner de toutes les dérives de l’ère Ibrahima Kourouma.

Prions Dieu que cette homonymie de prénoms ne soit pas une homonymie de comportement.

ScoopGuinée

 

Leave a Comment

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*