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La vie des collectivités: le préfet de Télimélé à bâton rompu (Interview)

A travers notre rubrique, « la vie des collectivités », nos reporters sont allés à la rencontre de Monsieur Amara Lamine Soumah, Préfet de Télimélé, l’une des cinq préfectures de la région administrative de Kindia comportant 13 sous-préfectures et 14 collectivités locales. L’entretien a porté sur plusieurs sujets liés à la vie de cette préfecture, notamment le fonctionnement des services publics, la situation des collectivités rurales et l’exécution des travaux de bitumage urbain des 10 kilomètres offerts par le Président de la République de Guinée le Pr. Alpha Condé. Mais lisez !

Amara Lamine Soumah vous êtes un Administrateur civil aguerri et Préfet de Télimélé. Dites-nous comment se porte l’administration des services publics dans votre préfecture ?

Chacun fait son mieux pour que l’administration de la préfecture fonctionne correctement. Vous savez que Télémilé est une grande préfecture avec environ 9 000 km² et qui fait frontière avec 8 autres préfectures. Je puis vous rassurer que l’administration préfectorale se porte à merveille car il y a une synergie d’action qui permet au commandement central d’appuyer, d’encadrer,   d’accompagner et éventuellement de contrôler les 13 sous-préfectures ainsi que les 14 collectivités locales.

Monsieur le Préfet, Télimélé est une des villes les plus enclavées du pays, qui souffre d’un manque criard d’infrastructures routières.Expliquez-nous les causes de cet état de fait.

Le développement est progressif, chaque pouvoir qui vient, fait quelques choses pour les communautés. C’est dans ce cadre que le Président de la République a entrepris en 2015 un vaste programme de concertation des collectivités locales car il a constaté qu’on ne lui transmet pas toute la vérité sur les réalités de ces localités.

Vous savez bien que l’axe Télimélé-KindiaetTélimélé-Gaoual ne sont pas bitumés, mais cela ne voudrait pas dire que c’est un oubli. C’est dans les perspectives de l’Etat de goudronner la route nationale jusqu’à Gaoual. Nous avons reçu des informations que le bitumage de ces  voies prendra en compte les localités de Bangouya, en passant par la frontière de Pita puis traverser Leymiro et atteindre la route nationale.

Alors la population riveraine du fleuve dans Leymiro sera délocalisée pour être recasée ailleurs. L’axe Gaoual -Wonkou, est un véritable calvaire pour les usagers, nous avons alors demandé à une société de l’aménager. Nous avions également évoqué le cas de Loubha qui a aussi des problèmes dans le cadre du bitumage.

Dites-nous au-delà de ce que vous venez d’évoquer, quels sont les problèmes récurrents à Télimélé ?

Pratiquement, à Télémilé il n’y a pas assez de problème.Effectivement nous avons des problèmes d’infrastructures routières.  Ceci pour désenclaver les localités rurales qui sont des zones de productions afin de les relier facilement au grand centre du pays.

C’est ce que nous attendons de l’Etat.Je profite de cette occasion pour remercier le Pr. Alpha Condé et son gouvernement pour tout ce qu’ils font pour Télimélé.

En dehors de cela, l’adduction d’eau qui avait débuté depuis le premier régime avec des forages ont été parachevée sous l’égide du Président Alpha Condé.Aujourd’hui nous avons de l’eau potable à Télimélé. Par contre, la partie Nord-Est est confrontée au manque d’eau dans les robinets. Cela est dû à un problème au niveau de la conduite d’eau. Lorsque cela sera réglé, l’approvisionnement de l’eau  va être rétabli, c’est ce que j’ai expliqué au Maire pour tempérer  les ardeurs des citoyens qui voulaient manifester contre cet état de fait.

En ce qui concerne l’électrification de la ville, nous avons envoyé une requête auprès du Ministre de l’hydraulique et de l’énergie, chargé du projet du barrage de Souapiti, pour lui dire que nous souhaitons qu’une ligne soit orientée vers Télémilé. Si cela se réalise, plusieurs localités seront desservies et bénéficieront du courant électrique.

Depuis que vous êtes là, quels sont les projets réalisés dans la Préfecture de Télimélé?

Télimélé a bénéficié de beaucoup d’écoles et de collèges de proximité. Quand nous prenons l’année passée, dans le cadre du programme PACV3, Kollet dans sa partie Konkouré a bénéficié d’un collège de proximité, de même que Sinta. C’est le même cas dans les sous-préfectures deKonsotami et de Tchiontchan, des écoles primaires et des postes de santé germent partout. Outre les réalisations faites par l’Etat, il y a une ONG qui participe à ce programme de rénovation et d’équipement des 14 centres de santé et de certaines écoles.

Quand je venais d’arriver ici, le centre de santé de Bourwal venait d’être incendié à travers les frigidaires à pétrole. Mais le Maire d’alors, avait entrepris beaucoup de choses. C’est cette ONG qui a réparé le centre de santé avec l’appui des ressortissants de Télémilé qui ont fait la charpente et apporté des tôles pour ce centre de santé.

Parlant du bitumage urbain, quel constat faites-vous sur l’exécution des travaux ?

Concernant le bitumage de la voierie urbaine, le chef de l’Etat a accordé 10 km pour le bitumage de la ville. Mais l’adduction d’eau est venue avant le bitume, l’entreprise qui exécutait le projet avait mal posé les tuyaux de conduite d’eau. De nos jours cela a provoqué des problèmes dans le bitumage du centre-ville, la majorité des tuyaux sont dans la route. Une première évaluation avait été faite et il y a eu un contrat entre GUICOPRES et la SEG. Guicopres a payé ce qu’il fallait et la SEG a payé le matériel envoyé et stocké à Télémilé. Tout le matériel est là, il reste à mettre cela par Guicoprès, qui doit faire la fouille et le remblayage, pendant que l’entreprise était sur cette démarche, il y a eu un additif. C’est-à-dire un devis complémentaire à hauteur de 5 milliards. Alors Guicoprès a dit qu’il ne sait pas où prendre cet argent-là, cela a fait un tohu-bohu.

Finalement je me suis intéressé à l’affaire, j’ai contacté séparément la direction de la SEG et celle de Guicoprès. Je t’ai dans l’obligation en tant qu’autorité, parce que c’est mon devoir de faire en sorte que, quand il y a un projet de l’Etat qu’on fasse le suivi.

Vous dirigez une préfecture pas facile à gérer, alors dites-nous quel est votre secret pour maintenir la quiétude sociale au sein de cette localité?

Ce n’est pas sorcier, vous savez aujourd’hui un préfet n’est pas un administrateur en soi qui s’assoit dans le bureau, c’est un agent de développement. Si tu es dans une localité, il faut connaitre la sociologie du milieu. Tu dois écouter les doléances des populations sur le terrain et pouvoir trouver la solution à ces problèmes.

Ainsi, voilà que depuis que je suis là, c’est ce que j’ai entrepris et il faut être dans le social et cela est très important. Quand tu es là en tant que premier responsable, les problèmes de la population sont tes problèmes, les cas sociaux en un mot doivent intéresser. Il faut être au-devant de la population, au milieu et derrière elle. Je pense bien que c’est la seule philosophie et entreprendre une droiture, une autorité du commandement est incolore, inodore et sans saveur. C’est-à-dire il faut se mettre au-dessus de la mêlé en sorte que l’on puisse maintenir la paix et la quiétude sociale. Parce que c’est le créneau, du Chef de l’Etat qui vous a nommé.

Donc tout ce qui peut concourir à la paix, à la cohésion sociale pour le développement, c’est ce qu’il faut faire. Pour ce faire, il faut avoir les tentacules qui puissent te permettre à y arriver. Parce qu’une seule personne ne peut le faire, créer une synergie d’action autour de toi, faire en sorte que tous ceux avec lesquels tu travailles, l’entente et la cohésion soient installées.

M. Soumah comment la cohabitation se passe entre la population de Télimélé et les partenaires de développement ?

Du point de vue société minière il y a pas une, qui s’est installé directement à Télimilé, pratiquement certaines sociétés sont en prospection, d’autres sont en train de chercher le permis d’exploitation. La seule société qui est en perspective de travailler à Télimilé c’est une société chinoise. Elle est dans la partie ouest de Télimilé au niveau de la sous-préfecture de Daramagnaki dans sa partie de Kawèssy. Donc cette société à leur où je vous parle, elle est en train de mettre en place les infrastructures, parce qu’avant l’exploitation, il faut avoir une base de travail.

Au centre-ville ici, on ne peut que vous parlez de Guicoprès qui fait le bitumage, il y a pas de problème, cela été une mesure saluée par la population. Lorsque la société a fait son premier coup de pioche, c’est les gens qui venaient pour saluer avec de l’hospitalité guinéenne en exprimant leur joie. Cet engouement de la population devient un stimulant pour l’entreprise afin de faire un bon travail pour la localité.

Quelle est la portée du Conseil Préfectoral de Développement(CPD) pour les habitants de Télémilé ?

Le CPD est un organe de concertation. Vous savez, les collectivités méritent  d’être suivies et ce comité a un rôle prépondérant de faire en sorte que tout ce qui se passe comme action de développement, il puisse le faire de sorte que les choses puissent aller de l’avant par leur contribution et les démarches qu’ils peuvent entreprendre par-ci par-là à travers les partenaires.

Propos recueillis par Ibrahima Soya Bah

 

 

 

 

 

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