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Benin : l’ancien président Soglo met en garde Patrice Talon

Après des législatives controversées, la nouvelle Assemblée nationale fait sa rentrée. Nicéphore Dieudonné Soglo, ex-président béninois, regrette ce qu’il qualifie de recul de la démocratie dans son pays.

Les députés de la nouvelle Assemblée élue le 28 avril dernier, entrent donc aujourd’hui officiellement en fonction. Et pour la première fois dans l’histoire moderne du Bénin, la chambre sera constituée exclusivement de deux partis affiliés à la mouvance présidentielle : le Bloc républicain et l’Union progressiste.
Au vue des tensions de ces dernières semaines, la rentrée parlementaire est placée sous haute surveillance : un important dispositif policier et militaire a été mis en place autour du siège de l’Assemblée nationale, à Porto-Novo, la capitale politique et administrative du pays.
C’est dans ce contexte que Nicéphore Dieudonné Soglo s’exprime à notre micro.
Nicéphore Dieudonné Soglo : Nous avons été le premier pays en Afrique et surtout en Afrique au sud du Sahara a lancer la célèbre conférence nationale souveraine pacifique qui a pu, on peut dire, instaurer dans notre pays la démocratie après une dictature militaro-marxiste. Voilà un pays qui est un symbole et on envoie quelqu’un. Le voilà à la tête de notre pays, on pensait que, après tant d’années, il allait quand même poursuivre le travail qui a commencé.
DW : Maintenant que l’Assemblée nationale sera installée à Porto-Novo, ce jeudi matin, qu’est-ce qui reste à l’opposition béninoise ?

Nicéphore Dieudonné Soglo : Non, non. Ce qui reste c’est l’histoire. Il me fait penser à Caligula (empereur romain qui régna de 37 à 41 après Jésus-Christ N.D.L.R.). Il dit si vous n’avez pas de compétiteurs, vous avez beau être mauvais, vous serez réélu. Mais auparavant il faut avoir éliminé tous ses adversaires. Et vous pouvez l’écouter partout : personne ne l’avait pris au sérieux.
DW : A l’heure actuelle, est-ce que l’opposition béninoise serait prête à engager des pourparlers avec le pouvoir Patrice Talon ?
Nicéphore Dieudonné Soglo : Non la première chose, vous avez bien vu que tous les intellectuels qui connaissent l’histoire de notre pays, à commencer par le Prix Nobel de littérature, Wole Soyinka, vous avez vu que ça été un cri d’horreur du monde entier. Mais s’il (Patrice Talon N.D.L.R.) continue, il va vers son destin. Tout le monde sait que c’est un petit dictateur. Pour le moment, son veau d’or c’est l’argent. Il a mis la main sur toute la filière coton, sur la filière de la noix de l’anacarde. Il a mis la main sur le port de Cotonou, sur l’aéroport.
DW : Dernière question monsieur le Président, le médiateur de votre pays, monsieur Joseph Gnonlonfoun, récemment, a déclaré sur nos antennes que le vin était tiré et qu’il fallait le boire. Est-ce qu’il n’a pas raison par rapport à la situation actuelle du Bénin ?
Nicéphore Dieudonné Soglo : Tous les dictateurs, vous savez comment ils finissent. On s’en débarrasse, c’est tout. Talon nous permet à tous de savoir que nous avons un type au moins qui n’a pas caché son jeu.

DW

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