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Education en Guinée: les angoisses d’un Enseignant à la retraite!

Il se dit à la fois inquiet et déçu du système éducatif guinéen, un Enseignant guinéen à la retraite. Sous couvert de l’anonymat, cet instructeur n’est pas allé au dos de la cuillère. Sans ambages, il met le pied dans le plat de l’actuelle autorité éducative guinéennes. Lisez!

« Quand vous avez eu toute une vie à servir une cause avec amour et dévotion, il fait mal de voir cette chose tanguer vers la dérive. Ce que le Alpha Condé doit faire, c’est de revoir la structure des départements chargés de l’enseignement. Il serait souhaitable de créer un domaine de l’éducation nationale composé de secrétariats d’Etat. Cela permettrait d’avoir une parfaite lisibilité sur le système éducatif national. En faisant une analyse rétrospective de ce département, on est sidéré de voir le degré de sa déliquescence qui se juge par le niveau bas des élèves et étudiants. On s’accorde à dire qu’un pays vaut ce que vaut son système éducatif, à cette allure si l’on ne prend pas garde on sera obligé dans le futur de faire appel à des étrangers pour occuper des postes de responsabilité dans nos entreprises et unités industrielles.

Le malaise du système éducatif guinéen est réellement profond. Il ne rime à rien de faire recours à des solutions de circonstance pour lutter contre des habitudes à la vie dure. Cela ressemble à du verni, certes il va briller pour quelque temps mais à l’arrivée on comprendra que le mal est toujours menaçant. L’éducation est l’avenir d’une nation, on ne doit nullement jouer avec en y injectant des méthodes anarchiques. Dr. Ibrahima Kourouma a conduit la barque du système éducatif à sa guise. Les multiples réformes qu’il a envisagées ont été acceptées par tous. Personne n’a osé lever le petit doigt pour lui opposer un avis contraire. Tous ont défendu leurs intérêts égoïstes en reléguant au second plan ce pour quoi ils ont été nommés. Les fameuses évaluations mensuelles que les uns et les autres ont défendues à cors et à cris ont été à la base des pires calamités que le système a connues. Des enseignants focalisés essentiellement sur la conquête des notes et non sur la portée pédagogique des cours dispensés.

C’est vrai qu’il faut respecter les évaluations mais la manière qui a été imposée par l’IGE n’était pas la bonne. Il y a trois types d’évaluation qui sont : l’évaluation diagnostique, l’évaluation formative et l’évaluation sommative. Mais on se demande en fait quel type était pratiqué dans nos écoles. Un pédagogue chevronné a dit : « chaque maitre est une pédagogie » mais cela semble être ignoré en Guinée pour preuve, le système est devenu une espèce de cobaye sur laquelle on expérimente tout ce que les autres ont refusé. Il n’ya aucune constance, on veut plutôt les dividendes d’un projet que l’efficacité de celui-ci. Sinon quand on calcule le montant qui a été mis dans l’amélioration du système et voir encore son état d’enlisement on se tient la tête si on a la moindre fibre patriotique.

Ce n’est donc pas une question d’homme, on continuera certes à changer les ministres, mais l’on demeurera à la case de départ. Le décret qui a enlevé Ibrahima Kourouma a été salué par l’ensemble des guinéens surtout les parents d’élèves. Donc tout le monde a pensé que l’on serait sorti de l’auberge. Mais hélas, la réalité est tout autre. Son remplaçant que l’on prenait pour un professionnel a montré déjà ses limites. Les premières mesures prises par lui avaient commencé par rassurer les populations à savoir, la suppression des moyennes annuelles de cours, le retour sur les compositions trimestrielles. Donc ans son souci d’établir un certain équilibre, il a fait face à la formation des enseignants. C’est ce qui fait que sur toute l’étendue du territoire national, il ya la formation d’une certaine catégorie d’enseignants dénommés Tiers faible, Tiers moyen.

Le paradoxe réside surtout dans cette catégorisation qui n’a pas été réellement exhaustive. A l’époque, on a fait croire aux enseignants que quiconque n’obtenait pas la moyenne serait radié des effectifs de la fonction publique. Par solidarité de corps, les surveillants ont été amenés à mordre à l’appât sentimental. Et les conditions d’examen n’ont pas été les mêmes partout, ce qui fait que les niveaux sont disparates selon le constat des formateurs. Là également on se préoccupe beaucoup plus des fonds alloués à cette formation que la formation elle-même. Ce n’est pas en 20 jours que l’on peut estimer corriger les tares acquises depuis le centre de formation. C’est un leurre pur et simple car et les formateurs et les apprenants tous dénoncent l’insuffisance du temps imparti. On ne peut pas enseigner ni assimiler en 20 jours le contenu d’une brochure de 138 pages. Mais puisque l’on aime la gestion centralisée des choses sinon, il ya autre méthode de procéder à cette formation de façon efficace : les cellules de formation continue des IRE/DPE. Malheureusement ces cellules sont dormantes par manque de moyens matériels et financiers, et les cadres qui y travaillent sont souvent mis à l’écart parce qu’on les trouve gênants ou comme obstacle à l’enrichissement.

L’espoir qu’avait suscité la nomination de k² est en train de s’évanouir depuis les décrets nommant les IRE et DPE. Pour avoir été DPE pendant longtemps, il a procédé à une parfaite gymnastique en protégeant certains et en introduisant ses amis auxquels il a promis. Ce n’est pas cela qui peut angoisser seulement, ce nouveau chef de département mesure-t-il la tâche qui lui est sienne quant à l’avenir du système éducatif guinéen ? En tout cas ils sont nombreux les observateurs restés sur leur faim après ces nominations. On attend de voir ce que cela va donner quand on sait que le défi est immense. Il faut souhaiter que les hommes choisis soient de taille pour redresser le système sinon, K² risque d’essuyer un affront plus violent que celui de Kourouma. Ce dernier était un pharmacien et lui, il est de la boite comme on aime à le dire. Il a été syndicaliste, il ne l’est plus donc, il doit savoir que les enseignants ne lui feront aucun cadeau quant à la sauvegarde de leurs intérêts.

Monsieur le Ministre à vos gardes, le peuple vous tient à l’œil ! ».

Propos retranscrits par ScoopGuinée

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