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Guinée : l’administration publique en somnolence, le développement du pays mis en cause

L’administration d’un pays vaut ce que vaut son Etat dit-on souvent. L’administration guinéenne est malade. Elle est malade de ses hommes qui la composent et qui ignorent ou transgresse les principes de son fonctionnement. Pour s’en convaincre il suffit de bien observer les services centraux, régionaux, préfectoraux et communaux.

La première des choses est que la notion d’heure a disparu depuis belle lurette des exigences administratives. La législation dit que le travail commence à 8h pour prendre fin à16h 30 ce qui n’est pas du tout respecté.

Dans tous les services du pays excepté les établissements scolaires, les travailleurs ne respectent plus l’heure. Quand le travailleur sait qu’il peut gagner des miettes à son service, il vient pour se faire les poches. Si ce n’est pas cela, il vient vers 9h ou 10h pour faire un simple acte de présence et aller dans les cafés ou autres lieux.

Les chefs de service croient qu’ils sont des demi-dieux auxquels on ne demande pas un compte. Ils s’érigent en potentat dans leur service, avec tout ce que cela peut comporter comme discrimination, harcèlement et malversation.

On a l’impression que la corruption est institutionnalisée dans le pays. Comment peut-on établir une carte d’identité à plus de 50.000 francs alors que l’on ne demande simplement que 15.000 francs ? Va dans les structures de santé on vous fait payer là où l’Etat demande la gratuité. C’est pourquoi nombreux sont les citoyens qui n’osent pas fréquenter ces structures car, les agents de la santé sont devenus des commerçants. Pour eux le serment d’Hippocrate ne signifie rien. Tous les services sans exception souffrent de la même pratique et des mêmes comportements. Pour établir un dossier en Guinée, il faut avoir les moyens financiers sinon vous risquez de ne pas l’avoir.

Rien ne se fait dans l’orthodoxie administrative, chacun cherche à faire de son poste un bureau de perception. On entend souvent il faut payer pour la signature du chef, il faut payer le prix de l’encre, il faut payer le papier etc. On se demande si on a affaire avec un privé ou un service public tellement la corruption est de mise. On ne se gêne pas d’exiger des quotas aux pauvres enseignants pour leur participation soit à la surveillance ou à la correction des examens. Pourtant la seule récompense que l’on puisse faire à ces braves enseignants, c’est de les impliquer dans ces examens nationaux. Mais hélas certains chefs en font un fond de commerce. Où allons-nous dans ce pays ? Où est la morale dans tout cela. Cela est connu de tous mais personne ne lève le petit doigt pour dénoncer quoi que ce soit, on s’accommode et puis c’est fini.

Pour tous ces comportements, l’Etat est indifférent, on pense même qu’il est complice ou consentant. La preuve quand un bandit à col blanc fait un détournement, au lieu de le punir on le félicite on dit de lui qu’il est béni. Pourtant sous un régime que l’on se plait de taxer comme dictatorial, il y avait ce qu’on appelle ‘’vérification des biens’’, une opération de contrôle qui limitait les intentions de détournement des cadres. Aujourd’hui, il n’y a rien de tout cela, on assiste à un véritable laisser-aller dans le pays, aucune sanction administrative ni judiciaire. On se croirait dans une jungle où les plus petits sont écrasés par les plus gros et les plus forts.

Cette impunité témoigne absolument de l’inexistence de l’Etat dans le pays. L’exécutif aurait-il peur des conséquences de ses prises de décisions ? En réalité, il faut retenir que ceux qui ont taxé feu Ahmed Sékou Touré de dictateur sont encore les mêmes qui dénoncent la faiblesse de l’administration du Pr. Alpha CONDE. Tant que l’Etat ne sera pas fort, tant que l’on continuera à amalgamer social et administration, le pays ne bougera pas.

  • Il faut des mesures coercitives pour faire respecter les principes administratifs.
  • Il faut faire respecter la loi car, personne n’est au dessus de cette loi.
  • Il faut que chacun de nous se sente responsable, que l’on ne se dissocie pas des actions de l’Etat car, l’Etat c’est nous tous.
  • Il faut cesser de croiser les bras pour imputer tout au gouvernement, chaque individu a sa petite pierre à poser dans l’édification nationale.

Le salut ne peut venir que dans la rigueur mais pas dans une telle anarchie. On peut se targuer des acquis de la révolution qui par des mesures fortes a réussi à garantir et sécuriser le développement du pays en empêchant l’enrichissement illicite par le détournement de deniers publics. Rien ne doit  alors divertir l’Etat pour réprimer avec la dernière énergie les velléités persistantes. La morale et la conscience professionnelle doivent caractériser l’ensemble des gestionnaires de la République. Mais les délinquants qui se livrent encore à cela,  doivent devenir la risée du peuple, indexés comme criminels et ennemis du peuple.

Malgré les bonnes intentions du Pr. Alpha CONDE pour le décollage économique du pays, il n’atteindra certainement ses objectifs qu’en mettant fin à cette impunité grandissante. En 2010 il a déclaré avoir hérité d’un pays mais pas un Etat. Donc le peuple a espoir pour qu’il puisse enfin lui donner cet Etat dont il rêve depuis belle lurette. La démocratie ne doit pas signifier impunité, au contraire elle doit exiger la rigueur dans toute chose, c’est ce qui la consolidera d’ailleurs.

Le Pr. Alpha CONDE doit maintenant mettre fin à cette impunité qui a fait assez de mal au pays et qui continue toujours à nuire.

 ScoopGuinée

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