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Opinion : Ayons la probité morale de dire la vérité sur notre histoire ! (Par F. Syta Camara)

« Le molosse n’abandonnera jamais sa façon éhontée de s’asseoir » écrit Ahmadou Kourouma dans Les soleils des indépendances. Il y a une catégorie de guinéens qui s’évertuent à forcer l’histoire pour la dire ou la réécrire à leur convenance dans le seul but de désorienter les jeunes générations. Les faits sont cependant têtus, ils résistent au temps et ne peuvent aucunement être transformés en légende ou en conte. Dans une nation, on compte toujours des progressistes et des anarchistes qui se côtoient pour la former.

L’histoire de la Guinée est singulière, elle diffère totalement de celle des autres pays africains surtout francophones. Notre pays a toujours fait exception dans la conduite de sa destinée, il a eu des hommes qui se sont remarqués par leur courage, leur bravoure, leur patriotisme et leur sens élevé de responsabilité. On peut citer au rang de ces illustres disparus, Almamy Samory Touré, Alpha Yaya Diallo, Zébéla Togba, Dinah Salifou, Ahmed Sékou Touré. Aucun résistant africain n’a eu la poigne et la réputation de Samory Touré. Mêmes ses ennemis mortels lui ont reconnu cette grandeur. Pendant 18 ans il a bravé le colon et il aura seulement fallu la traitrise pour le vaincre.

La Guinée a été le seul et premier pays francophone à rejeter la communauté franco africaine en votant massivement non au référendum de septembre 1958. Pour cela il aura fallu le courage, le patriotisme, la témérité et la forte personnalité d’Ahmed Sékou Touré. Le contexte sociopolitique à l’échelle mondiale de l’époque était caractérisé par l’existence de deux blocs idéologiques antagonistes : le bloc socialiste et le bloc capitaliste. Pour avoir osé revendiquer sa souveraineté, la Guinée a été stigmatisée par la France qui a même voulu s’opposer à son adhésion à l’ONU. C’est dans ce climat extrêmement tendu que le jeune état indépendant de Guinée, sous le leadership de son premier Président, entamera sa marche héroïque vers son développement économique et social. Malgré les tentatives de rapprochement avec l’ancienne métropole faites par le gouvernement de l’époque, aucune n’aboutira car la France avait une position telle que ces démarches demeuraient toujours vaines.

C’est donc l’amitié du bloc socialiste avec des pays comme : la Hongrie, la Tchécoslovaquie, l’Union soviétique, le Vietnam, l’Allemagne démocratique etc. que la Guinée amorcera son essor tant sur le plan politique qu’économique. Les premières années étaient certes difficiles mais, pour celui qui se bat dans le sens de sa liberté et de sa dignité, ces souffrances ne l’affecteront pas, il opposera à ces contingences un stoïcisme indéfectible. Avec Ahmed Sékou, la nation guinéenne se consolidera, l’Etat se fortifiera. Malgré les adversités les plus coriaces, les tentatives de déstabilisation les plus subtiles, le pays réussira néanmoins à sauvegarder les bases de sa souveraineté. Avec des plans nationaux de développement, la Guinée se dotera des moyens nécessaires à son épanouissement économique et matériel.

C’est ainsi que les unités de production seront implantées à travers le pays pour la valorisation de nos produits locaux. Des usines comme ENTA, Complexe textile de Sanoyah, Conserverie de Mamou, Scierie de Niandan et de N’Nzérékoré, Usine de jus de fruit de Kankan etc. la liste est longue ont dans le passé œuvré pour le bien-être de ce pays. Sur le plan politique la Guinée jouissait d’un respect et d’une admiration à travers le monde. Sur le plan culturel et sportif, le pays est devenu une référence sur le continent. Si aujourd’hui on se targue de certaines choses, nous devons absolument reconnaitre nos devanciers qui se sont largement sacrifiés pour notre présent. La carrure internationale et la forte personnalité d’Ahmed Sékou Touré ont poussé le monde à identifier la Guinée à travers lui : la Guinée de Sékou Touré disait-on souvent.

Celui qui a été père de notre indépendance, celui dont le seul nom semait la panique chez l’impérialisme, ne peut pas avoir vécu inutilement comme le prétendent encore ses haineux ennemis. Ils se plaisent à salir la mémoire de cet homme que le monde entier a respecté craint et honoré. L’histoire ne peut pas être falsifiée surtout par le désir de certains individus égoïstes et anarchistes. On refuse de dire la vérité aux jeunes générations qui ignorent superbement la vraie histoire de leur pays. Pour preuve, quand on a demandé à un jeune universitaire ce que signifie ENTA, il a simplement dit que c’est le nom d’un quartier de Conakry. On dit toujours Sékou Touré a été un dictateur, il a tué nos parents mais, on ne dit jamais ce que nos parents ont fait pour subir cette sentence. Un ennemi demeurera toujours votre ennemi quoi que vous fassiez, rien ne le poussera à vous aimer. Il nourrira éternellement cette haine ce mépris et cette ingratitude à votre égard.

Celui qui a le minimum de conscience sait reconnaitre la valeur de son prochain. Mais quelqu’un qui a voté oui contre son indépendance ne pourra jamais apprécier celui qui lui a empêché de demeurer dans la servitude car, il ne se plait que dans ça. Qu’on le veuille ou pas jusqu’à la fin des temps on parlera de cet homme qui a été le père de notre indépendance et notre premier président. Ceux qui s’égosillent aujourd’hui à dire que c’est De Gaule qui a donné l’indépendance à la Guinée sont soit de mauvaise foi ou ignorants. Dans toute l’Afrique francophone qui a osé dire non au colon français en dehors de Sékou Touré ? Personne. C’est lui qui a eu le courage de dire : « Nous préférons la liberté dans la pauvreté à l’opulence dans l’esclavage ». Ceux qui veulent aujourd’hui modifier notre histoire, s’évertuent à soutenir et à propager des contrevérités ahurissantes.

Le PDG a déjoué tous les complots orchestrés contre notre souveraineté nationale. Malgré tous les témoignages donnés par certains acteurs de ces événements, on continue à soutenir que le complot permanent n’est qu’une invention de Sékou Touré. Or ce parti n’a eu à exécuter que les apatrides, les ennemis du peuple, ceux qui voulaient absolument nous retourner dans le carcan colonialiste. Ils n’évoqueront jamais leur traitrise, ils ne parleront jamais de leur forfaiture, par inconscience, par mépris et par haine, ils accuseront toujours le responsable suprême de la révolution. Depuis la disparition du timonier en 1984, de malins esprits gesticulent et s’agitent à falsifier l’ordre des faits. La correction vient toujours après une faute commise, mais le fautif a fait du tort à sa victime. On ne doit donc pas refuser à la victime son droit de justice, même si aujourd’hui des pauvres individus se masquent le visage avec leur traitrise d’hier pour se présenter comme étant ceux qui ont subi les affres de la révolution.

La vérité doit être dite pour édifier ces jeunes en qui on est en train d’inculquer le mensonge et la négation morale de soi-même. Le mensonge ne pourra jamais triompher de la vérité, il est certes rapide mais, il n’est pas résistant. Ayons donc le courage et la probité morale de dire les choses telles qu’elles se sont produites. Celui qui accepte les faits tels qu’ils sont dans la loyauté, se respecte soi-même et respecte les autres également. Un homme responsable, digne ne s’évertuera jamais à falsifier les faits qu’il a vécus et qu’il connait. Le mensonge détruit temporairement la nature des choses au point de vue de leur connaissance mais jamais au point de vue de leur essence. Lorsque la vérité historique se rétablit, on aura plus besoin de faire de réconciliation entre les enfants d’une même nation.

Nous reconnaissons que des fois les répressions a été disproportionnées, il y a eu aussi des bavures mais, cela ne doit pas nous pousser à nier les faits. Dans la vie de toute nation il y a des événements et des faits qui se présentent comme courageux, patriotiques et dictatures, le jugement se fait en fonction de la position que l’on occupe à leur vis-à-vis. Lorsque chacun de nous aura le courage d’assumer ses responsabilités, de prendre en charge ses fautes et de reconnaitre aux autres leur droit, notre nation se portera mieux. Mais tant que l’on continuera à distiller savamment la haine et le mensonge dans la conscience des jeunes, l’unité nationale demeurera pour nous une chimère.

ScoopGuinée

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