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Tribune: La fonction enseignante, un impératif à revaloriser en Guinée

La fonction enseignante est  le paria de toutes les fonctions en Guinée, tout le monde la fuit ou on peut dire même l’exècre. L’éducation est devenue une porte d’entrée à la fonction publique, on y entre pour aller dans les autres départements. L’enseignant en Guinée, c’est ce fonctionnaire consciencieux, assidu et lié à son travail mais malheureux, qui n’a pas le temps de s’occuper d’autres choses. Il forme les enfants d’autrui en se sacrifiant jour et nuit à la préparation des élites de demain. Contrairement aux autres fonctionnaires qui ont de larges capacités de manœuvre, le pauvre enseignant est cloué à sa classe, à ses heures sous la rigueur d’un emploi de temps et d’une répartition de programme. Il se soucie des autres mais, personne ne se soucie de lui.

Le monde enseignant pensait bénéficier de l’attention particulière du Pr. Alpha Condé parce qu’il est de la corporation. Mais, ils seront très tôt déçus car, leur collègue semble les ignorer à tout point de vue. L’enseignant devient de plus en plus misérable, il n’a pas la possibilité de jouir pleinement de sa situation. Quand les autres fonctionnaires quittent les bureaux pour faire des affaires qui les procurent de l’argent, l’enseignant, le pauvre hère est rivé à sa classe. Angoissé et anxieux pour sa charge et la qualité de sa prestation. Il ne connait pas les belles voitures, il ne peut pas avoir un toit décent et parfois il gagne difficilement la femme de son goût.

Cette injustice flagrante qu’on remet toujours au compte du destin impacte négativement sur la corporation enseignante. La preuve, les écoles professionnelles qui forment les enseignants ne sont pas tellement fréquentées par les jeunes car, selon eux : «   quand la poule voit la perdrix en train d’être déplumée, elle s’avise ». Les enseignants malgré ce qu’ils sont pour le pays, ne bénéficient d’aucune attention particulière. En service, ils ahanent à la recherche de la pitance quotidienne, à la retraite, ils meurent lentement dans la dèche, la débine et la mouise.

Si vraiment l’on veut que l’école guinéenne retrouve son aura d’antan, il faut au moins créer, les conditions minimales pour rendre attrayante la fonction enseignante. L’enseignant ne demande pas de luxe, il suffit simplement de lui donner un avantage sur le point indiciaire, lui permettant d’avoir une retraite honorable. Que sa pension puisse lui permettre de payer 2 sacs de riz et la dépense du mois. On ne peut pas réellement payer l’enseignant à cause de son travail, de sa conscience professionnelle et de son intégrité morale.

Puisque le chef de l’Etat est un enseignant, on suppose qu’il connait parfaitement les arcanes de cette corporation. Donc cette communauté corporative doit réellement être profitable au monde des enseignants. Le souhait, le plus grand souhait de cette frange administrative est de la voir accorder une faveur. Cela permettrait aux enseignants de faire face aux affres et aux contingences de leur métier. On peut par exemple créer une légère différence en leur faveur sur la valeur du point indiciaire. Ainsi en allant à la retraite avec cette nouvelle situation, il pourra être à l’abri de l’indigence qui caractérise aujourd’hui les centaines de retraités parmi eux. Quand on rencontre ces vieux enseignants qui ont donné une part importante de leur vie, leur savoir et leur force pour la formation des élites d’aujourd’hui, leur état vous donne des larmes aux yeux. C’est parce qu’ils ont accepté ce que les autres ont refusé qu’ils se retrouvent dans ce piteux état. Vraiment l’Etat doit tout faire pour accorder des avantages à cette couche professionnelle. Dans les conditions les plus exécrables, on les retrouve dans les petits villages loin des fastes du monde moderne. Ils sont attelés à leur travail jour et nuit pour mettre dans les têtes des enfants du pays les étincelles du savoir.

Tous ceux qui ont en eux, la plus petite lueur de reconnaissance savent que s’ils sont ce qu’ils croient être aujourd’hui c’est bien grâce à ce monsieur, à cette dame qui passe courbés sous le poids de l’humilité. Il faut que les enseignants cessent d’être la risée des autres fonctionnaires car en Guinée, la première malédiction d’un homme est de se retrouver dans la fonction enseignante. Même tes proches te prendront pour un être inférieur, dans la famille tu seras victime d’une stigmatisation avec l’étiquette : «  il n’a rien, c’est un enseignant. » Malgré toutes ces considérations sociologiques, le pauvre enseignant se surpasse pour accomplir sa noble tâche. En reconnaissance de tout cela, nous nous joignons à ces valeureux fils du pays, pour humblement demander au Pr. Alpha Condé d’avoir un regard plus attentionné pour ce monde des enseignants. Revaloriser la fonction enseignante, c’est aussi et surtout assurer le développement du pays.

« La condition sine qua non du développement de tout pays est avant tout, l’Education, ensuite l’Education et  encore l’Education. »

ScoopGuinée

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