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Enquête : Des vérités à savoir sur l’école guinéenne !

L’école guinéenne est-elle toujours  rassurante ? On se souviendra des difficiles conditions qui ont marqué les débuts de l’école guinéenne, au lendemain de notre accession à la souveraineté nationale. Après le départ du colonisateur qui a entraîné la rupture de la coopération avec la métropole française, le jeune Etat guinéen a bénéficié de l’assistance technique des pays amis et notamment de l’Est. Ces coopérants soviétiques, vietnamiens, hongrois, tchèques et autres venaient apprendre le français en Guinée avant de professer dans les écoles. Cette période a permis à notre pays de relever un défi essentiel celui de la formation effective des jeunes générations. Des élites ont été formées en cette période et nombreux ont été les cadres guinéens qui ont apporté leur expertise à certains états africains. Cette école guinéenne qui incarnait jadis les valeurs cardinales de notre pays a perdu aujourd’hui sa réputation. Pour dire vrai, elle est devenue un centre de formation ratée qui excelle dans la médiocrité et le chamboulement des valeurs.

Au temps de la révolution, nous avons vu le fils du Président Ahmed Sékou Touré étudier à l’école guinéenne. Tous les enfants des dignitaires de l’époque assuraient en Guinée leur formation. Quand les décideurs sont les premiers à accorder du crédit au système éducatif, il va sans dire que les autres ne feront que les imiter. Malgré les difficiles conditions du moment, le manque criard de matériels didactiques mais, avec le slogan : le manque de moyen crée les moyens, les jeunes guinéens de l’époque ont transcendé ces difficultés pour conquérir brillamment la science, la technique et la technologie. Ce sont ces produits de l’école guinéenne qui font fonctionner de nos jours l’administration guinéenne et, dans trois à cinq ans la majeure partie ira à la retraite. Qu’est-il arrivé à notre école pour qu’elle se retrouve dans une telle situation ?

Tout a commencé avec la tragique disparition du Responsable suprême de la Révolution en 1984. On se souviendra de quelques vers de ce poème révolutionnaire :

  • A chaque régime, le système de coercition de la classe au pouvoir
  • A chaque régime le système d’éducation de la classe au pouvoir (…)

Les nouvelles autorités guinéennes ont mal pris les mesures des réalités du pays. Par mépris plus que par raison, elles ont remis en cause tout ce qui avait été fait au temps de la révolution. Elles ne se gêneront pas de clamer à la face du monde que le système éducatif guinéen est malade et qu’il a besoin d’une réforme fondamentale. On se souviendra alors de cette mission venue de la France avec des enseignants français et des guinéens expatriés au Sénégal, en Côte d’Ivoire et au Gabon venue à Conakry pour former les cadres guinéens de l’éducation. Là également il faut rappeler l’attitude courageuse du chef de cette mission Marc Dargaud qui a affirmé avec véhémence que le constat révèle qu’en Guinée la langue française se porte mieux et que le manque de moyens didactiques et matériels était le seul handicap pour les enseignants guinéens.

Mais comme il fallait s’y attendre nos acquis en matière d’éducation ont été remis en cause. On a demandé avec insistance la réforme du système éducatif, sans tenir compte du passé glorieux, le tout a été revu et réadapté au goût et à la volonté des nouvelles autorités. Le Pr. Alpha CONDE dit souvent : « En Guinée on aime jeter le bébé avec son eau ». Cette image colle excellemment bien avec les réalités de ce pays. Malgré l’existence de l’Institut Pédagogique National (IPN) devenu de nos jours Institut National de Recherche et d’Actions Pédagogiques (INRAP), ce service sera laissé pour compte. Il ne bénéficiera jamais des moyens nécessaires pour la mise en action de leurs activités. On préfèrera alors des projets fortement financés, se soumettre à de nouvelles méthodes pédagogiques mêmes si elles ne sont pas adaptées à nos réalités socioéconomiques. C’est ainsi que des projets vont se succéder sans pour autant apporter la moindre étincelle positive dans la qualification de notre système éducatif. Avec cet éternel recommencement on a rien compris et les acteurs mêmes se demandaient à quoi servent ces perpétuels changements.

Le mot d’ordre de liberté lancé par les militaires appuyé par le discours programme de juillet 1985 du Général Lansana Conté qui a libéré les initiatives privées, notre pays amorcera un tournant décisif de son histoire. La mauvaise gestion des deniers publics a favorisé l’émergence d’une nouvelle bourgeoisie arrogante et incompétente. Les enfants de ces parvenus du nouveau régime seront tous envoyés à l’extérieur dans les grandes universités étrangères pour faire leur formation. Le bas peuple par manque de moyens économiques acceptera la mort dans l’âme le maintien de leurs progénitures dans les écoles guinéennes. Les dirigeants qui n’ont aucun de leurs enfants dans nos institutions scolaires, ne porteront aucun regard sur le système éducatif. L’école guinéenne devient une sorte de parias aux yeux mêmes des décideurs et des populations. La corruption viendra alors mettre définitivement en péril notre système éducatif. La création et la prolifération des écoles privées ont plutôt répondu à un besoin lucratif que pédagogique. Pour s’en convaincre il faut visiter les écoles privées qui foisonnent dans le pays. Elles ne sont pas nombreuses celles qui répondent aux critères exigés mais, que voulez-vous quand ceux qui sont sensés gérés cette situation, ne mesurent que le montant qu’ils doivent percevoir  alors, tant pis pour les enfants du peuple.

On se rend compte que le diplôme guinéen n’a aucune valeur aux yeux de nos dirigeants. Les produits de l’école guinéenne sont taxés d’incompétents et de malformés, on préfère ceux qui viennent avec des diplômes de l’extérieur. Si tel est le cas, pourquoi ne pas fermer toutes les écoles dans le pays et permettre à chaque famille d’envoyer au moins un enfant à l’extérieur. Même le dernier gouvernement du Pr. Alpha CONDE obéit à cette logique vous n’avez qu’à le vérifier. La faillite du système éducatif guinéen incombe aux dirigeants guinéens qui ne cessent de jeter l’opprobre sur l’école guinéenne. Il ya gros à parier que si les enfants de nos dirigeants étudiaient dans nos écoles, ils auraient été plus attentifs aux problèmes qu’elles traversent.

Si les enfants préfèrent aujourd’hui mourir dans le désert et la Méditerranée, la cause fondamentale réside en ce désintéressement total des autorités du système éducatif. Un mal commun n’est pas un mal mais, quand l’injustice devient aussi flagrante telle qu’elle se passe aujourd’hui dans le pays, le sentiment de désespoir devient incommensurablement grand. Qu’on arrête de singer les autres, qu’on cesse de nous imposer ces pratiques et méthodes incongrues à nos réalités socio économiques. Il faut que les dirigeants aient un regard plus doux et plus affectif pour notre système éducatif. Ils doivent prendre des mesures responsables pour éviter à cette génération montante la dérive.

Des élèves candidats au bac qui écrivent illisible, des étudiants diplômés qui ne savent pas faire une demande d’emploi, des enseignants qui ignorent la pédagogie et le professionnalisme, malheureusement ce sont aujourd’hui les paradoxes que l’on constate dans notre pays. Il est temps maintenant que nous prenions conscience de nos tares et de nos maladresses. L’éducation est le nerf central du développement économique et social d’un pays. Si nous continuons sur ce rythme, un jour viendra où nous serons obligés d’aller chercher mêmes les manœuvres chez nos voisins car, chez nous on préfère les dividendes plus que l’avenir de nos enfants. Pour paraphraser cet agronome qui parle de la chaux : « La chaux enrichit le père et appauvrit les enfants. Qui chaule sans fumer se ruine sans y penser ». Ceci sied parfaitement à notre situation et à nos dirigeants.

Chers guinéens ouvrez les yeux pour sauver votre système éducatif !

ScoopGuinée

 

 

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