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Irak: «Assez de violences», lance le pape François à son arrivée à Bagdad

Le souverain pontife est arrivé ce vendredi à Bagdad pour une visite historique de trois jours dans le pays, qui l’emmènera notamment dans la cité antique d’Ur et dans les territoires autrefois sous contrôle du groupe État islamique.

Dans l’avion l’amenant en Irak, François a confié aux journalistes être heureux de reprendre les voyages après 16 mois sans sortir d’Italie, raconte notre envoyé spécial, Arthur Herlin. « C’est un voyage emblématique, un devoir sur une terre tant martyrisée », a-t-il souligné. Il a par ailleurs affirmé souhaiter « suivre les indications » sanitaires durant cette visite de trois jours, mais « rester proche des gens ».

À son arrivée sur le sol irakien, il a été accueilli par le Premier ministre Moustafa al-Kazimi, avant de se rendre au palais présidentiel. Le souverain pontife avait troqué la petite Fiat habituelle pour une berline. Son convoi a traversé des routes entièrement encadrées de tanks et d’hommes en armes tandis que de nombreux Irakiens s’étaient amassés sur des kilomètres du parcours.

Le chef des 1,3 milliard de catholiques du monde a ensuite évoqué tous les sujets brûlants en Irak devant ses plus hauts responsables, parmi lesquels le président Barham Saleh, qui avait envoyé l’invitation officielle et qui a salué « un invité apprécié » des Irakiens.

« Assez d’extrémismes »

« Assez de violences, d’extrémismes, d’intolérances », a lancé le pape face aux officiels. Assez aussi, de la « corruption », raison pour laquelle des centaines de milliers d’Irakiens avaient manifesté pendant des mois fin 2019. À l’époque déjà, le pape avait exhorté l’Irak à cesser de réprimer ses jeunes en demande de justice. Il faut « édifier la justice », a-t-il de nouveau martelé.

Et que « personne ne soit considéré comme citoyen de deuxième classe », surtout pas les chrétiens – 1% de la population dans ce pays musulman – ni les Yézidis, victimes selon le pape de « barbaries insensées et inhumaines ». Il a encore rappelé « la présence très ancienne des chrétiens sur cette terre » où est né selon la tradition Abraham, plaidant pour « leur participation à la vie publique » comme « citoyens jouissant pleinement de droits, de liberté et de responsabilité ».

Mêmes mots, plus tard, dans la cathédrale de Bagdad, visée en 2010 par un attentat meurtrier. « La communauté catholique en Irak, bien que petite comme une graine de moutarde, [doit continuer] à enrichir la marche du pays dans son ensemble », y a déclaré le souverain pontife, remerciant d’un même geste les évêques et les prêtres présents « d’être demeurés proches de votre peuple, en le soutenant ». La communauté chrétienne d’Irak est passée de près d’un million et demi de membres en 2003 à moins de 400 000 aujourd’hui.

Le programme irakien du pape François est ambitieux. Najaf, Ur, Erbil, Mossoul, Qaraqosh : à chaque fois, il ne verra que quelques centaines de personnes, à l’exception d’une messe dimanche dans un stade d’Erbil au Kurdistan, en présence de plusieurs milliers de fidèles. Bagdad a assuré avoir pris toutes les mesures de sécurité « terrestres et aériennes ». Et, signe de détente inespéré dans les tensions irano-américaines toujours latentes en Irak, un des groupuscules qui revendiquent parfois des tirs de roquette visant des Américains a annoncé une trêve le temps de la visite papale.

Avec RFI

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