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Education : après les résultats du CEE, du BEPC et du BAC, nombreux sont des guinéens qui crient à la catastrophe !

Les résultats des examens nationaux session 2019 sont réellement catastrophiques au regard de ceux de la session 2018. Le système éducatif serait-il en train de marcher à reculons ? Il y a lieu de se poser cette question car les interrogations se font entendre à tous les niveaux : parents, élèves, etc.

44,8% pour le CEE,  44,11% pour le BEPC et 24% pour le Bac  au niveau national,  ce qui met en exergue le malaise que couve le système éducatif guinéen. De tels résultats sont l’expression de la qualité de l’enseignement donné dans les institutions d’enseignement  du pré universitaire.

Une évaluation certificative comme le sont celles des examens nationaux permet de voir le niveau d’acquisition des cours dispensés par les enseignants d’une part et d’autre part, elle met en évidence la qualité et la compétence des maitres en charge de ces cours. Ce qui veut dire que les résultats obtenus par un élève sont le reflet de l’enseignement qu’il reçoit de son maitre. Il serait très intéressant de porter la lumière sur cette dégringolade des résultats au cours des différents examens nationaux de cette session 2019.

  • L’année scolaire 2018-2019 a connu une forte perturbation au cours des quatre premiers mois : (octobre- novembre- décembre-janvier). Cette perturbation a été occasionnée par une grève insensée et irresponsable de la part d’un groupuscule d’enseignants qui ont pris en otage l’école guinéenne. De mémoire d’homme jamais une grève n’a duré ainsi, aucun livre d’histoire n’en fait foi et il n’en existe aussi aucune référence. Malheureusement les parents d’élèves au lieu de se soucier de l’avenir de leurs enfants ont plutôt pactisé avec les grévistes. Il faut avoir le courage de le dire cette grève avait plutôt un relent politique. Certains activistes avaient pensé pouvoir déstabiliser l’Etat à travers ce débrayage du système éducatif.
  • La démission totale des parents dans la formation de leurs enfants a galvanisé l’action de la grève. Personne n’a alors mesuré les conséquences néfastes d’une telle action sur la formation des enfants. Ils ont empêché les enfants d’aller à l’école malgré les mesures sécuritaires prises par les autorités. Leur attitude n’ pas été dissuasive pour les grévistes, elle a plutôt été attentiste d’où le sentiment de pactiser avec ces fauteurs de troubles.
  • L’Etat a fait profil bas dans cette situation, il a laissé la situation pourrir au lieu de réagir énergiquement dès les premiers jours. L’Etat c’est la puissance publique, la rue l’appartient et il a les moyens coercitifs que sont la police, la gendarmerie, l’armée, la justice et la prison. Il suffirait de mettre en branle cette panoplie de moyens pour mettre fin à de telles mauvaises intentions.
  • L’administration scolaire aussi était truffée de cadres caractérisés par une hypocrisie indescriptible. Ils nourrissaient une complaisance à l’égard des grévistes qui se voyaient réconfortés dans leurs actions.
  • Les enseignants également ignorent superbement la déontologie de leur métier. Ils sont nombreux à penser faire fortune dans ce métier donc pour la promesse utopique des 8 millions était une aubaine à saisir. Ils refusaient de donner les cours au public, hypocritement ils venaient dispenser les cours dans les écoles privées.

Aujourd’hui les résultats des examens nationaux sont un véritable choc pour le système éducatif guinéen. Ils mettent en évidence la faiblesse de l’école guinéenne tant par le niveau des élèves que par la faiblesse pédagogique et professionnelle des enseignants. Mais le problème en Guinée est que l’on aime recouvrir de verni ce qui ne doit pas l’être. Tout le monde est conscient de la déliquescence de ce système mais, on préfère le colmatage des brèches que les solutions radicales.

Pour apporter une solution durable à cette honte nationale, il faut une profonde épuration du système pour lui débarrasser de toutes ses faiblesses. On parle des Etats généraux de l’éducation pourtant celui qui a été fait auparavant n’a orné que les tiroirs. Avec Ibrahima Kourouma on a parlé de salon de l’éducation mais le mal est toujours présent. Le fer de lance du développement de tout pays demeure son système éducatif mais, quand celui-ci ne produit que des déchets il y a lieu d’avoir peur pour l’avenir de la nation.

Le changement de chef de département n’est pas la solution, car, il ressemble étrangement à cette image d’un enfant turbulent qui passe toute la journée à se rouler dans la poussière et le soir venu, on le lave pour lui faire porter les mêmes habits donc, il ne pourra jamais être propre. Donc les indéboulonnables du système endurci dans toutes les méthodes frauduleuses d’acquisition de l’argent, accordent plutôt l’importance à ce qu’ils doivent empocher que l’avenir de ces milliers d’enfants.

On autorise quotidiennement la création des écoles privées dont la majorité ne remplit pas les normes requises contre paiement de centaines de milliers de nos francs. Ces écoles sont faites pour un but purement lucratif et non pédagogique. Le constat est alarmant et personne ne s’en soucie et on fait comme si de rien était.

Les autorités éducatives se targuent de la rigueur et de la tolérance zéro pour couvrir leur échec. Depuis combien d’années on parle de tolérance zéro et de crédibilisation des examens. Mais le constat est tout autre, car, on assiste à une régression progressive des résultats d’année en année. 2018 26% au Bac, 2019 24% au Bac, on prépare ou l’on détruit !

Il est temps de prendre des mesures responsables pour mettre fin à cette situation qui n’honore point le pays. Il faut absolument que le gouvernement prenne en compte le système éducatif en considération pour garantir l’avenir national.

Famany Condé

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